Cher
Dieu,
Je
serai toujours dame rose mais je ne serai plus Mamie-Rose. Je ne l’étais que
pour Oscar.
Il
s’est éteint ce matin, pendant la demi-heure où ses parents et moi nous sommes
allés prendre un café. Il a fait ça sans nous. Je pense qu’il a attendu ce
moment-là pour nous épargner. Comme s’il voulait nous éviter la violence de le
voir disparaître. C’était lui, en fait, qui veillait sur nous.
J’ai
le cœur gros, j’ai le cœur lourd, Oscar y habite et je ne peux pas le chasser.
Il faut que je garde encore mes larmes pour moi, jusqu’à ce soir, parce que je
ne veux pas comparer ma peine à celle, insurmontable, de ses parents.
Merci
de m’avoir fait connaître Oscar. Grâce à lui, j’étais drôle, j’inventais des
légendes, je m’y connaissais même en catch. Grâce à lui, j’ai ri et j’ai connu
la joie. Il m’a aidée à croire en toi. Je suis pleine d’amour, ça me brûle, il
m’en a tant donné que j’en ai pour toutes les années à venir.
À
bientôt,
Mamie-Rose
P.-S.
Les trois derniers jours, Oscar avait posé une pancarte sur sa table de chevet.
Je crois que cela te concerne. Il y avait écrit : « Seul Dieu a le
droit de me réveiller. »
Schmitt,
E-E. (2002). Oscar et la dame rose. Paris,
France : Albin Michel. (p. 80).
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